Elles s'aiment... en silence
Mensonges, surprotection de la vie privée, jeu de cache-cache... les lesbiennes font bien peu de bruit. Comment expliquer cet étrange silence? Bien des femmes que l'on devine homosexuelles demeurent muettes au sujet de leurs amours. À une époque aussi libre que la nôtre, cette discrétion teintée de crainte étonne, surtout si on la compare à l'exubérance de l'homme gai. Tentons de comprendre...
Les chercheurs s'entendent pour dire qu'une personne sur 10 est homosexuelle. Et pourtant... Si l'orientation sexuelle des hommes est plus facilement identifiable, pouvons-nous vraiment reconnaître toutes les lesbiennes de notre entourage? Au petit écran? Parmi nos collègues? Hum... Encore faudrait-il qu'elles nous aident un peu. «Dans les faits, la plupart des lesbiennes se trouvent dans des professions très "féminisées": secrétaires, infirmières, enseignantes. Mais c'est en gardiennes de sécurité ou en policières qu'on les imagine le plus souvent, parce que c'est là qu'elles sont les plus repérables», fait remarquer Irène Demczuk, sociologue et co-auteure de Sortir de l'ombre (VLB, 1998).
Pour cerner le mode de vie des lesbiennes, il faut comprendre qu'elles sont femmes avant d'être homosexuelles. Elles sont par conséquent caractérisées d'abord par des valeurs et des traits féminins. «Le fossé entre la sphère publique et la sphère privée est encore grand pour la femme qui, on l'oublie souvent, sort de siècles d'enfermement et de retrait par rapport à l'homme», rappelle la sociologue.
Attachée depuis toujours aux valeurs familiales, aux sentiments et à la vie privée, la femme, par culture, ne s'affiche pas. Cela est particulièrement évident chez les homosexuelles qui, en bonne minorité invisible, vivent repliées sur leur milieu. «L'orientation sexuelle ne prime pas dans l'affirmation de l'identité, ajoute Irène Demczuk. En revanche, les hommes ont tendance à considérer leur sexualité comme partie intégrante de leur personnalité; ils n'hésitent pas à la mettre de l'avant. Le défilé de la fierté gaie est révélateur à cet égard: non seulement les femmes y sont peu nombreuses, mais elles préfèrent marcher discrètement sur le trottoir plutôt que de parader avec exubérance dans la rue.»
Sur le marché du travail aussi, la femme traîne encore loin derrière l'homme. Si l'homosexualité masculine est tellement répandue et affirmée dans le milieu artistique qu'elle semble aujourd'hui naturelle, les lesbiennes qui y évoluent continuent de se cacher. «Quand Daniel Pinard s'est ouvert aux médias, il a parlé de Jean-Louis Millette comme d'un soutien important. Quelle femme accepterait de jouer ce rôle pour les jeunes lesbiennes? Elles n'ont pas accès au réseau décisionnel, puisque ce sont des hommes qui occupent les postes de décision, et sont par définition exclues d'éventuels rapports de séduction avec eux... Dans ces conditions, il devient difficile de se faire ouvrir des portes et de prendre de l'assurance», ajoute la sociologue.
Hommes et femmes, deux univers
Un fossé semble séparer les hommes et les femmes de la communauté gaie et lesbienne. Mentalité, attitude, sexualité, ceux que l'on met si facilement dans le même sac n'ont souvent rien en commun. L'image convenue de l'homme gai (surtout citadin, attaché à l'apparence, adepte des aventures sexuelles, de la vie nocturne et préférant les petits chiens) tranche avec celle de la lesbienne vivant en couple, retirée à la campagne (avec un gros chien), à l'abri des regards, cultivant la terre et l'harmonie. Ces différences éloignent les lesbiennes des gais et expliquent en partie pourquoi elles ne profitent que très peu de l'avancée du mouvement gai. Elles ne vivent pas du tout leur situation sociale de la même façon.
«Dans les faits, la libération homosexuelle est à l'homme ce que la libération de la femme est à la lesbienne», souligne Johanne Gaudreault, chercheure en sociologie à l'Université Laval, qui s'est penchée sur le silence des homosexuelles. La décriminalisation de l'homosexualité, en 1969, n'a pas changé grand-chose pour les femmes: la loi ne spécifiait que la légalisation de la sodomie! Elles ont pourtant dès lors été associées à la gent masculine gaie. Mais bien malgré elles.»
Qui suis-je?
L'image pornographique de la lesbienne ne favorise pas son épanouissement non plus. «Si la femme en général place l'amour et les relations humaines au c¦ur de sa vie, la lesbienne est forcément choquée, et même traumatisée de se voir dans n'importe quel film érotique. La rue Sainte-Catherine, à Montréal, étale partout des photos de couples de femmes en situation sexuelle», s'insurge Irène Demczuk, qui voit là le seul reflet que les lesbiennes ont d'elles-mêmes. «Cette image interfère beaucoup avec la construction d'une identité lesbienne positive.» L'image de la butch dure et masculine peut également faire honte à celles qui ne s'y reconnaissent pas du tout.
Les magazines féminins ne comblent pas ce manque de références et de repères. Non seulement on y parle fort peu de lesbianisme, mais les lesbiennes ne peuvent s'identifier aux sujets traités ou aux mannequins. «Je n'achète jamais ces magazines. La mode et le maquillage m'indiffèrent. Ce sont les voitures à quatre roues motrices et les motoneiges qui me font vibrer. Ne cherchez pas: nous n'en avons pas, de modèle social», dit lucidement Johanne Gaudreault, elle-même lesbienne. «C'est en arrivant à l'université que j'ai constaté à quel point nous n'existions pas; j'avais beau me documenter, je ne trouvais aucune trace de nous», se rappelle Claudette Savard, psychothérapeute. Force est de le constater: d'un point de vue légal, même le Code civil présume que tout le monde est hétérosexuel...
L'enfer du mensonge
C'est donc dans la peur d'être découverts que bien des couples de femmes construisent des remparts de mensonges autour de leur relation amoureuse. Parler de sa compagne au masculin (jusqu'à changer son prénom!), prétendre parler à un homme au téléphone au cas où on écouterait la conversation, flirter outrageusement les maris des collègues, se présenter seule ou avec un bon ami aux mariages, aux partys ou même à la soirée des Métrostars est pratique courante. Mentir à ses parents de peur d'être rejetée, à ses enfants pour ne pas les perturber, à son patron de peur d'entacher sa crédibilité professionnelle, à son médecin pour ne pas être mal vue, tout cela aussi se voit fréquemment.
Quand la famille débarque à Noël, bien des amantes redeviennent «colocataires» et font chambre à part; les photos du couple sont soigneusement rangées au placard le temps d'une soirée, les récits de vacances et les gestes tendres aussi. Même l'électricien et l'agent du recensement ont droit à ce genre de mise en scène. La crainte de révéler qui elles sont réellement pousse certaines lesbiennes à mépriser ouvertement l'homosexualité, espérant ainsi écarter les soupçons qui pèseraient sur elles.
«Le mensonge au quotidien devient une deuxième peau, un mode vie malsain, affirme Claudette Savard, qui travaille avec des lesbiennes en mal d'affirmation. On entend souvent que les couples homosexuels ne tiennent pas longtemps, mais qui s'épanouirait dans ces conditions? À force d'être cachées, on ne sait plus qui l'on est. Il faut toujours se regarder avec assurance, estime et fierté.» Même le mot «lesbienne» dérange, déplore Mme Savard. C'est la poétesse grecque Sapho, explique-t-elle, qui a donné son origine au nom. Elle vivait sur l'île de Lesbos au VIIe siècle av. J.-C. et écrivait des poèmes d'amour à d'autres femmes. «Quoi de plus poétique? demande-t-elle. Malgré cela, bien des femmes réagissent vivement à cette appellation et refusent de se désigner comme telles.»
«On ne dissimule rien; on ne révèle pas franchement la nature de la relation, c'est tout. Les gens ne nous posent pas de questions, sans doute parce qu'ils savent très bien ce qui en est. Nous interprétons cela comme une forme de respect. Nous ne ressentons aucun ostracisme, jamais de moquerie non plus»
Rationnaliser à tout prix, autre mécanisme de défense, permet de trouver tout un tas de raisons de ne pas s'ouvrir aux autres: certaines se rassurent en se disant que c'est une attirance temporaire, d'autres se convainquent que leur orientation sexuelle ne regarde personne. C'est un peu l'option qu'ont choi- sie Laurence et Marcelle, qui s'aiment d'amour depuis 20 ans. Elles ne font pourtant pas partie de celles qui vivent cachées. Elles ne souffrent pas non plus: nuance de taille. Non, elles s'aiment tranquillement sans définir officiellement la situation auprès des collègues et de la famille. Mais leur entêtement à garder le silence demeure révélateur. C'est ce qu'on pourrait appeler un semi-tabou.
Si vous leur demandez, à ce stade-ci de leur vie et après toutes ces années d'union, pourquoi elles n'en parlent pas ouvertement, elles vous répliqueront: pourquoi ne le garderaient-elles pas pour elles? «On ne dissimule rien; on ne révèle pas franchement la nature de la relation, c'est tout. Les gens ne nous posent pas de questions, sans doute parce qu'ils savent très bien ce qui en est. Nous interprétons cela comme une forme de respect. Nous ne ressentons aucun ostracisme, jamais de moquerie non plus», explique Marcelle qui a malgré tout attendu d'avoir 50 ans pour dire la vérité à sa mère, histoire de ne pas avoir de regrets.
La réaction de la dame? Non seulement le savait-elle déjà, mais elle a profité de l'occasion pour parler de l'homosexualité de son propre frère! «Ma famille a toujours aimé Laurence. Cela n'a rien changé. Elle est toujours la bienvenue. Cela dit, nous faisons toujours chambre à part quand nous allons dormir chez mes parents: la limite est là!» Quand les frères de Laurence ont su, à la fin de sa quarantaine, que leur s¦ur était lesbienne, ils étaient contents pour elle que son couple fonctionne bien. Bref, cela n'a rien changé. Voilà qui remet en question la pertinence de toutes ces cachotteries...
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Peurs fondées ou pas?
«C'est comme être très belle, ou très laide; si on s'assume, on accepte le regard des autres. S'ouvrir, c'est lever le voile», remarque Claudette Savard, qui reçoit des appels et des lettres de femmes en détresse de la Gaspésie, du Bas-du-fleuve, de la Côte-Nord, de Sherbrooke, etc. Il ne faut surtout pas, d'après elle, entretenir la peur en lui trouvant mille et une justifications. De la simple pudeur à la culture de la cachette, il y a un monde: «Quand une fille met des années à entamer le dialogue avec ses parents, elle constate le plus souvent avec stupéfaction qu'ils connaissaient depuis longtemps son orientation et n'avaient jamais songé à moins aimer leur fille pour autant», dit-elle.
Elle recense par ailleurs de nombreux cas d'enseignantes qui dissimulent de façon obsessionnelle leur vie privée de peur qu'on les empêche de travailler avec des enfants, ou encore des cas de mères lesbiennes qui craignent de perdre la garde de leurs enfants en cas de séparation — ce en quoi elles n'ont pas tort: les tribunaux demeurent réticents devant l'homosexualité des parents.
Certaines d'entre elles remettent même en question leurs compétences maternelles: que deviendront des enfants élevés par deux femmes? «Moi je le sais: je l'ai fait, rétorque Claudette Savard. Avec ma conjointe, nous formons une famille proche, équilibrée et authentique. C'est vrai, mes enfants ont déjà souffert de ma différence. Ma fille m'a rejetée à l'adolescence, mais elle a fini par me dire avec regret qu'elle avait perdu un temps précieux.» L'essentiel de la solution résiderait donc dans l'attitude. Il arrive pourtant que, même en marchant la tête haute, on rencontre un mur...
Le malaise est d'ailleurs palpable dans le monde du travail dès qu'il s'agit d'homosexualité féminine. Dans de grosses compagnies, des responsables des ressources humaines et des représentantes d'ordres professionnels n'ont guère apprécié qu'on leur pose des questions à ce sujet dans le cadre de la préparation de cet article, assurant sèchement qu'il n'y avait jamais la moindre discrimination à l'embauche, sans souhaiter poursuivre la conversation.
La sociologue Irène Demczuk en veut pour preuve le cas d'Ellen Degenerees, comédienne à la télé américaine qui, il y a quelques années, a osé «sortir du placard» dans sa propre émission. Elle ne s'est décidée à le faire qu'après 20 ans de métier, c'est-à-dire une fois très connue et sa réputation très bien établie auprès du public. «Elle avait orchestré le tout. En grand. Mais elle a payé cher son audace: un mouvement religieux de droite a milité pour que son émission soit retirée; un an plus tard, elle l'était.» Si le gros du public l'ignore, on sait depuis longtemps, dans le milieu lesbien, qui sont les comédiennes, animatrices et chanteuses lesbiennes, jolies et féminines, qui continuent de se présenter comme célibataires ou de demeurer très secrètes au sujet de leur vie privée. «Elles craignent d'être ostracisées, stigmatisées. Surtout les actrices, qui ne veulent pas hériter systématiquement de rôles de lesbiennes», observe Irène Demczuk.
Danièle Julien, professeure de psychologie à l'UQAM, voit plutôt la menace du côté de la violence verbale ou physique faite aux gais et lesbiennes, et dont les exemples abondent dans les diverses recherches menées sur l'homosexualité. «Ils ont tous dû affronter ce problème au moins une fois, surtout en milieu scolaire, et se replient spontanément sur eux-mêmes par mesure de protection, note-t-elle. Moi qui fais de la recherche sur l'homosexualité tout en étant hétéro, je me sens déjà différente dans le regard de l'autre. Je comprends que s'afficher demande beaucoup de courage.»
À la Commission des droits de la personne, un nombre constant de plaintes sont déposées chaque année par des homosexuels pour cause de discrimination: une trentaine, soit environ 3 % de l'ensemble des dossiers. Des exemples? En milieu de travail: congédiements, mutations forcées, harcèlement. Dans la vie privée: refus de service ou de logement, ou même d'accès à un terrain de camping! En 1998, 16 plaintes ont été déposées par des hommes et 15 par des femmes. La discrimination existe bel et bien.
Le malaise est d'ailleurs palpable dans le monde du travail dès qu'il s'agit d'homosexualité féminine. Dans de grosses compagnies, des responsables des ressources humaines et des représentantes d'ordres professionnels n'ont guère apprécié qu'on leur pose des questions à ce sujet dans le cadre de la préparation de cet article, assurant sèchement qu'il n'y avait jamais la moindre discrimination à l'embauche, sans souhaiter poursuivre la conversation. Seule Josanne Lavallée, adjointe à la direction des ressources humaines de Radio-Canada, a expliqué que l'homosexualité masculine était non seulement ouvertement admise dans l'entreprise, mais recherchée dans les domaines artistiques, alors que les lesbiennes de l'établissement ne s'identifiaient pas officiellement.
À petits pas... de femme
La situation des lesbiennes n'est pourtant en rien comparable à ce qu'elle était il y a 20 ans, époque où le phénomène «n'existait même pas». Le tabou faiblit sans cesse. Des couples d'adolescentes se tiennent la main dans la rue en toute liberté, les rôles d'homosexuels se multiplient au petit écran dans différents téléromans prisés par les jeunes (4 et demi, Watatatow, Virginie, etc...) et font à la fois figure de source d'information et de modèle social. Les débats, les émissions qui parlent de sexualité à la radio comme à la télé participent à cette évolution. «Notre société individualiste encourage l'expression des différences et, du même coup, leur acceptation sociale, observe la chercheure Johanne Gaudreault. Le recul radical de la religion et l'éclatement de la famille ont libéré la femme de son rôle procréateur, lui permettant d'exercer d'autres fonctions.»
CHEZ LE MÉDECIN
L'étonnement d'une madame Tout-le-monde lesbienne est immense face à l'ignorance de son médecin, omnipraticien ou gynécologue, à qui elle demande des renseignements sur le préservatif pour doigt, destiné à protéger des maladies transmises par les sécrétions sexuelles, ou sur la digue de latex pour fins de cunnilingus (qui, soit dit en passant, est hors de prix pour un usage courant: environ 5 $ pièce!). «En plein centre-ville, les infirmières de CLSC ne savent rien sur la sexualité des lesbiennes. Même Séro Zéro ne sait pas grand-chose au sujet des femmes. Alors imaginez le degré de connaissances des spécialistes de la santé en banlieue ou en région, où la clientèle ouvertement lesbienne est nettement moins nombreuse. Les lesbiennes sont prisonnières de cages de solitude dont elles ne savent comment sortir», affirme Claudine Metcalf, journaliste à Sortie gaie.
Toutes deux à la fin de la trentaine, Zig et Pomme (surnoms attribués par discrétion) symbolisent ce progrès. Elles se souviennent de leurs 16 ans, lorsqu'elles pensaient être seules sur terre à désirer les filles. Mais aujourd'hui, installées en banlieue dans une maisonnette avec piscine, corde à linge et cabanon au fond du jardin, elles ressemblent à n'importe quel couple. Sans provocation aucune, elles vivent leur relation au vu et au su de leurs voisins, de leurs collègues et de leurs familles. Elles ont dit la vérité à leurs parents au début de la vingtaine et n'ont jamais été reniées pour autant. «De façon générale, nous sentons plus d'incompréhension que d'hostilité. Les gens pensent souvent que l'homosexualité est un choix, mais ce n'est pas grave. Quand on ose aller au-delà de la peur irrationnelle d'être rejetée, on se rend compte que la plupart des gens se moquent de savoir comment vit l'autre», dit Zig en caressant son golden retriever, tranquillement assise sur sa terrasse. «C'est à chacune de nous de prendre sa place et de faire son histoire, ajoute Pomme. Tant que nous n'aurons pas de passé, pas d'existence, pas de références, l'avenir se dessinera difficilement.»
Au Québec, 20 % des lesbiennes élèvent des enfants. Nathan en est. Né d'un père absent, il vit, à 10 ans, entre Audrey, sa mère, et Émilie, la «copine» d'Audrey, qu'il considère sans honte comme sa seconde maman. Tous trois forment une famille avant-gardiste, bien qu'ignorée par la loi et les institutions. Ni l'école ni le voisinage n'affiche d'hostilité, mais leurs familles respectives ne considèrent pas Émilie comme parent officiel de Nathan. Seulement comme conjointe, seul statut légal auquel elle a droit dans notre société. Émilie ne peut signer aucun papier administratif concernant l'enfant, ce qui peut s'avérer très problématique en milieu scolaire, ou à l'hôpital en cas d'urgence. Et si elle se séparait d'Audrey, elle n'aurait aucun droit de visite.
Au Canada, seule la Colombie-Britannique accorde aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux hétérosexuels en ce qui concerne la garde des enfants, peu importe que les parents soient biologiques ou pas. Dans les autres provinces, les gais et lesbiennes n'ont pas accès à l'adoption. Cela dit, une femme célibataire peut adopter des enfants issus de certains pays (Chine, Viêt Nam, Haïti, Mexique), ce qui représente un dossier sur 10. Une femme seule peut être inséminée aux États-Unis, mais pas encore au Québec. Il suffit cependant de se présenter en clinique avec un prétendu conjoint infertile, et le tour est joué...
Élisabeth et Sylvie ont deux petits garçons, Jonathan et Joffrey. Leur vie familiale ressemble à celle de toute famille «normale». Les devoirs, le souper, les bains, l'histoire... Comme tous les parents du monde, les mères lesbiennes se soucient davantage du confort et du bonheur de leurs enfants que des théories et des statistiques! «Je ne veux pas banaliser notre famille, dit Élisabeth, mais je refuse de la marginaliser pour autant. Comment seront, sous le rapport de la stabilité et de l'identification, nos enfants dans 20 ans? Je l'ignore. Mais demande-t-on aux hétérosexuels de toujours rendre compte de leurs choix quant à l'avenir de leurs enfants?»
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